Le CAERIF et les Conseillers d’entreprise de la Chambre d’Agriculture ont réalisé un prévisionnel de résultat pour l’exercice 2024 et pour de nombreux exploitants c’est une mauvaise année.
Quelle est la situation moyenne d’une exploitation d’Ile-de-France pour 2024 et quelles initiatives prendre pour votre entreprise ?
Des rendements en forte baisse conjugués avec des prix limités
Les rendements 2024 cachent de grandes disparités en fonction des cultures et des secteurs, dues aux sols, aux conditions de cultures et aux conditions climatiques. Concernant les prix de ventes, l’embellie des dernières années est terminée, et les prix reviennent en tendance sur les valeurs 2019/2020.
La production nette 2024 est en diminution de 13 % par rapport à la moyenne 2019/2023.
Les exploitants ayant souscrit à une assurance RMC bénéficieront de 50 à 200 € / ha d’indemnité pour les surfaces des cultures concernées et sinistrées, en fonction du pourcentage de perte et des franchises.
Les charges opérationnelles 2024 restent élevées, environ 14% supérieures à la moyenne 2019/2023. Cependant, elles sont en retrait par rapport à 2023, mais ce n’est pas suffisant pour compenser la perte de production nette. Par conséquent, la marge brute retrouve un niveau équivalent aux années antérieures à la guerre en Ukraine.
Concernant les charges de structures, elles sont impactées essentiellement par la hausse des cotisations sociales des exploitants compte tenu des résultats des années précédentes.
En conséquence, l’EBE tombe à un niveau très faible, bien que légèrement supérieur à 2016.
Le niveau d’EBE ne permettra pas à toutes les exploitations de couvrir les annuités d’emprunts. En effet, l’annuité moyenne de l’échantillon est de 250 € / ha, ce qui génère un déficit de trésorerie de 102€/ha, avant prélèvements privés. Il faudra donc puiser dans les réserves de trésorerie.
Ces trésoreries, déjà mises à mal par l’augmentation globale des dépenses de fonctionnement, la fiscalité ainsi que les cotisations MSA, conséquences de deux bonnes années, vont s’en trouver encore plus dégradées.
Par conséquent, il est nécessaire de travailler sur un prévisionnel de trésorerie afin de pouvoir estimer les sommes à financer.
Que faire face à cette situation :
- Valoriser les stocks, s’il y en a
- Débloquer les DEP, ce qui aura par ailleurs un intérêt fiscal (réintégration dans résultat faible)
- Bien gérer son dossier d’assurance MRC
- Travailler avec les partenaires bancaires et coopératives pour d’éventuels CT de trésorerie et facilités de paiement
- Travailler avec les partenaires bancaires sur des possibilités de reports d’annuités LMT
L’assurance MRC est un outil de gestion des risques, les évènements climatiques ayant un impact sur la production étant de plus en plus fréquent. Cette assurance est subventionnée à hauteur de 70%.
Les exploitants doivent se rapprocher de leurs comptables et de leurs conseillers d’entreprise afin d’envisager les solutions les plus adaptées à leurs situations.
Alice CLIQUET – Samuel MILLET – Malo DE CHAILLE
Conseillers d’entreprises Chambre agriculture de région IDF